2017/11/22

V for Vibration




Chaque homme est trop lui-même, ou ce qu’il croit être lui-même. Chaque homme se lie trop à son apparence et à l’apparence de son environnement, couleur de peau, classe sociale, nationalité, identité culturelle et par ce fait ne voit pas la ‘big picture’ mais l’arbre qui cache la forêt. Ce que l’on croit savoir de soi n’est que l’apparence de l’apparence contrairement à notre essence d’homme, à notre commune nature humaine.

C’est cette ‘humaine nature’ commune qui nous permet de nous différencier les uns des autres et qui apporte la cohérence dans la volonté dénaturée de se croire des êtres surnaturels, des puissances supérieures à la nature, à notre nature. Ce qu’on appelle civilisation n’a jamais été qu’une forme de légalisation du pouvoir de l’homme sur l’homme. Quand la loi humaine légitime la domination, l’inégalité de droit là où la nature a créé l’égalité de fait, la loi a tort.

C’est le lien identitaire unique d’une commune nature qui permet à l’homme de communiquer et de s’élever. Car le moteur de l’élévation est dans la communication. La vie est faite pour communiquer et c’est ce qu’elle fait sans cesse. Or, la vie ne communique pas à propos de biens matériels mais de sensations, de pensées, de mémoire retransmise, de combinaisons, de curiosité, d’esprit, d’âmes. Là est le domaine de la vie, là est la source sans cesse renaissante ayant une origine et un but, là est la réalité de l’existence.
Rejetez la réalité dans la matérialité et vous supprimez le point commun unique et original entre les hommes eux-mêmes et entre les hommes et la nature, et leur nature. La culture est, mal comprise et mal utilisée, un instrument de division.

L’homme a besoin d’un tel échange avec son environnement et ses semblables car c’est sa raison d’être, son moteur et son énergie, son tout. Le besoin, le désir de communication est tel que la majorité des actions s’y rapportent, directement ou non. Car l’homme ne vit pas de faits mais de rêves, d’espoirs, de remords, de projets sentimentaux, de la douceur d’un regard, de la franchise du ton plutôt que des mots, de mille petits faits qui n’ont absolument rien de matériel. L’homme, la vie est une corde qui vibre et chaque créature vivante a sa propre façon de vibrer.




Mais toutes vibrent. La vie est une vibration, d’espace, le son, et de lumière, l’image. Ah, l’audiovisuel, le bien nommé … L’atome est soit une particule, ou une corde, soit une onde qui serait la vibration de la corde. Une vibration, une onde, un son ou un photon, une couleur n’ont pas de nature matérielle à proprement parler. Ils sont et ne sont pas. Mais ce sont ceux-là, ces éléments spirituels si on peut dire qui sont la vie dont la matière est le support. Ce sont eux qui animent la matière, ce sont eux qui permettent à l’esprit de ne pas se fondre en matière, de ne pas disparaître.

L’homme comme tout ce qui vit est fait pour communiquer, échanger, partager, communier, aider, aimer, c’est sa vie, c’est la vie. La société humaine qui ne repose pas sur ce principe avance de crise en crise, malade et gangrénée, sans progrès véritable dans son essence, dans sa constitution. L’homme aussi qui, en rébellion avec sa nature, se tourne vers la matérialité, l’apparence, l’illusion. Politesse des lèvres et glace dans le cœur. La vie a besoin de chaleur, de lumière, d’espace, de pureté car elle est enthousiaste, sincère dans ses élans, admirable dans sa finesse, sa délicatesse, prodigieuse dans son abondance, sa diversité.


On peut aller plus loin et affirmer que, quelle que soit la matérialité de l’activité dans laquelle un homme est engagé, ou se croit engagé, il ne vit cependant que par l’esprit, que par ses sentiments, ses sensations, ses espoirs qui vibrent en lui incessamment. C’est la vibration de la vie. L’âme de l’être vivant est une vibration particulière comme celle de l’électron sous sa nature d’onde. 


Ce n’est pas en mettant un masque, fut-ce celui de ‘V’ que l’homme peut vivre, peut survivre mais au contraire doit-il enlever tous ceux qui obscurcissent sa vue, son ouie, son âme.  








« Le visage du mineur s'était de nouveau assombri; le feu de son regard s'éteignit dans une larme de désespoir, et un long soupir sortit de sa poitrine :

Les gros poissons mangeront toujours les petits, murmura-t-il, et les hommes se prosterneront toujours devant le veau d'or. »

...

« Après avoir vu sa ruine devenue publique, l'alderman voulut résigner ses fonctions; mais il était trop aimé et respecté par les habitants de Falun pour qu'ils consentissent à élire un autre
échevin.  
Son désastre semblait avoir accru l'estime, la confiance et l'affection que méritait sa loyauté proverbiale dans toute la Dalécarlie.

Ce pays était si peu civilisé
que l'honnête homme, vaincu par la mauvaise fortune,

était encore exposé à trouver des amis. »

Emmanuel Gonzalès, Les gardiennes du trésor, 1860







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